Bébé insomniaque, parents à bout

Cette nuit a été celle de trop.

Bientôt neuf mois qu’Hannah est née. Bientôt neuf mois qu’elle réclame mes bras toute la journée. Bientôt neuf mois qu’elle se réveille 4 à 8 fois par nuit. Bientôt neuf mois que je ne dors pas.

Neuf mois. Autant de mois que ceux qu’elle a passé en moi. Je pense atteindre les limites que mon corps et mon esprit peuvent endurer. Charles également. Nous avons pourtant essayé de nombreuses techniques, allant de la tentative de gavage du soir (tentative, car Mademoiselle fractionne ses repas en 12 tétées journalières et refuse quasiment toute alimentation solide), à l’abandon du lit parental pour la laisser pleurer dans les bras de son père. J’ai lu des centaines d’articles, plusieurs bouquins sur le sujet. Rien n’y fait. Elle hurle, veut dormir contre moi, téter, caresser mes bras, se blottir dans le creux de mon cou, agripper mes cheveux… C’est un bébé, en somme…

Mais avec la fatigue, ses caresses deviennent des brûlures. Avec l’épuisement, ses regards deviennent des morsures. A cause de ce manque de sommeil, ses attentes meurtrissent mon corps. J’en suis venue ce matin à la regarder avec colère, la vraie, celle qui vient du ventre. Je l’ai mise dans son lit à barreaux avec des mouvements trop brusques à mon goût, je suis sortie de la chambre, j’ai fermé la porte. Je l’ai laissée pleurer. Sa grande soeur s’est levée et m’a demandé si elle pouvait aller la consoler.

Ce regard et ces émotions me hantent. Je ne veux pas devenir cette mère qui crie sur son mari et ses enfants, qui regarde par la fenêtre en pleurant.

Il nous faut agir, et vite. Notre survie, notre couple en dépend.

Alors pour commencer, ce soir nous allons essayer de dormir sur le canapé, lui laisser la chambre et fermer la porte, s’il le faut, pour que le sommeil de son aînée soit préservé. Je ne suis pas encore certaine d’avoir la force de supporter un sevrage nocturne aussi brutal. Mais je sens qu’il est de notre devoir d’essayer, pour notre bien, pour leur bien.

En avion, on nous ressasse toujours qu’en cas d’accident, il nous faut tout d’abord mettre notre masque avant de s’occuper de celui de nos enfants. Belle métaphore de nos vies : sans oxygène, je ne serai pas capable de prendre soin d’elles comme je le voudrais. Ce sera très certainement difficile, un déchirement. Il nous faudra, j’imagine, de nombreuses tentatives, avant d’arriver à tenir cet engagement : entre 1h et 6h du matin, plus de tétée, plus de bras, juste ton lit et ton matelas, des rêves, de la douceur, et mon sommeil, dorénavant.

 

10 réflexions au sujet de « Bébé insomniaque, parents à bout »

  1. Oula … je comprends totalement ton sentiment d’être « à bout »… si vraiment tu ne vois pas le bout du tunnel, n’hésites pas à me contacter. Nous avions fait appel à une coach parentale qui fait des miracles pour le sommeil. Deux consultations téléphoniques, une semaine difficile, et c’était plié.

    Bon courage en attendant, et j’aime beaucoup ton image du masque à oxygène : pour le bien de toute la famille, il faut se ménager.

    Courage !!!

    1. Merci pour cette « bouée » de sauvetage… Pour l’instant je garde l’objectif des 12 mois en tête. Elle aura 1 an en juillet, je vais essayer de profiter des vacances d’aout pour mettre les grands parents à contribution, être dans une grande maison pour préserver le sommeil de chacun… Et si je sens que cela ne passe pas, je te demanderai sûrement ses coordonnées, histoire d’attaquer la rentrée du bon pied !

  2. Courage!
    J’imagine que tu es déjà bien renseignée, mais le livre « le sommeil le rêve et l’enfant » du Dr Thirion est une mine d’or.
    Tiens nous au courant.

    1. Non pas lu, mais je m’étais renseignée sur ses préconisations… Je vais essayer d’y jeter un coup d’oeil, merci pour le tuyau !

  3. Bonjour,
    je me reconnais dans votre récit (un ‘grand’ de 3 ans et une mini de 10 mois).
    Pour survivre, nous avons choisi de mettre son lit à côté du nôtre pendant quelques temps, d’abord sans la barrière de mon côté; puis de mettre la barrière et enfin de remettre ce lit dans la chambre des enfants.
    Depuis quelques semaines, elle passe parfaitement ses nuits et c’est bonheur.
    Bon courage!

    1. effectivement, procéder par étapes, en douceur, semble être la meilleure option ! Votre témoignage me rassure, nous allons bien finir par y arriver! Cette nuit nous avons testé le matelas au sol, exit les barreaux (un peu comme vous, nous allons essayer de la « décoller » au fur et à mesure)… Seulement deux réveils, je me sens fraîche et dispose comme si j’avais 16 ans ce matin 😀 (ou à peu près). À voir si cette tendance se confirme dans les jours qui viennent.

  4. Oh, courage…C’est dur de te lire, car on aimerait tellement pouvoir t’aider et trouver une solution! J’avoue ne pas savoir quoi te proposer, j’ai moi même ma plus petite qui se réveille toutes les nuits encore, à plus de 2 ans…mais ce n’est qu’une fois ou deux, uniquement la nuit, et ça dure 20 sec seulement avant qu’on la recouche…pas idéal, mais nous avons fini par nous y habituer. J’espère que ça va s’arranger chez vous!

    1. Oui dur dur… Mais bon, nous avons de la chance car notre « grande » de 3 ans a fait ses nuits à 6 semaines. En tous cas, je compatis aussi, car même si comme tu le dis, ce n’est que « 20 secondes », continuer à cumuler les phases de sommeil en pointillé doit être éreintant également. Aller, on va s’en sortir 🙂 Ce soir je teste le matelas au sol, proposé par Marine… Affaire à suivre !

  5. Hello Sarah,

    ton article me parle beaucoup: même allaitement long, mêmes soucis de sommeil ici. Mais la mienne a maintenant 15 mois et on en est sorti depuis 5 mois.
    Je ne sais pas si ça peut t’aider, mais la solution chez nous a été: installation d’un lit à la « montessori » (t’as vu je suis à la mode), matelas à plat, sécurisé par des coussins d’allaitement, avec rendormissement sans le sein, en cälin allongée à côté d’elle, avec un doudou choisi placé entre nous. La première nuit de fait, j’ai plus dormi par terre à côté d’elle que dans notre lit. Mais les nuits suivantes, le réendormissement a été de moins en moins long/fréquent. Maintenant Alice a un doudou. On a tous retrouvé nos lits respectifs. Et ça fait du bien à tout le monde 🙂
    Un petit truc aussi: le lit au sol a été installé sous le lit mezzanine bas de son frère. La journée le lit d’Alice se transforme fréquemment en cabane pour les deux loustics. Je pense qu’en partageant des jeux ou moment de complicité ( brassage de livres en pagaye, couchage des poupées,…) dans cet endroit cela le rend sécurisant pour elle. Surtout que chez toi aussi d’après ce que j’ai compris de tes écrits, l’une et l’autre se cherchent beaucoup.

    Je te souhaite du courage et de belles nuits très vite !

    1. Que ton message est réconfortant… Dans ces moments, cela fait du bien de sentir qu’il est possible de voir le bout du tunnel!
      C’est marrant que tu évoques le lit « montessori », j’y avais songé pour Lilie mais nous l’avions finalement mise très vite dans un lit de grande… et cette idée était complètement sortie de ma tête! C’est une bonne idée en tous cas, je vais essayer de profiter des vacances pour faire de nouveaux essais, et si Charles est partant, tenter aussi sur cette voie. Je te remercie pour ce conseil, et je n’hésiterai pas à te tenir informée de l’évolution de nos nuits… qui redeviendront un havre de paix très bientôt, j’ai bon espoir ;-).

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