Que celles et ceux qui ne frissonnent pas (de rire ou d’effroi) en lisant cette maxime me jettent la première pierre. Car oui, toi aussi jeune passionné(e), tu la connais fort bien. Et oui, personne n’est dupe sur la potentielle fin de l’histoire que je m’en vais vous conter…
Un peu façon Scream : jamais Ô grand JAMAIS on ne prononce les mots « Je reviens tout de suite » lorsque l’on part naïvement en vadrouille à la cave, tout en ayant l’outrecuidance de vivre dans un Teen-Horror-Movie-Show. A la mesure de ce grandiloquent précepte, il est d’une évidence capitale que jamais Ô grand JAMAIS, avant de sortir un soir rejoindre nos amis, on ne se doit de prononcer ces douces paroles à l’attention de notre moitié déjà désabusée :
T’inquiète, je rentre pas tard.
La tirade qui suivra a été initiée par une amie, régulièrement confrontée (tout comme moi) à cette rhétorique chatoyante du mâle en goguette, et qui m’a gentiment soufflée cette thématique pour un futur article…
NDLR : sans pour autant clamer haut et fort notre penchant pour l’égalité entre les sexes, nous tenons à rappeler à nos lecteurs que la version féminine de la bête existe bel et bien dans nos contrées, ne nous leurrons pas. Nous utiliserons ici, pour plus de commodités, le « il » en tant que pronom personnel à valeur indéfinie. {Merci Charles pour cette fulgurante remarque.}
En attendant, vous reprendrez bien un petit peu de sexisme ordinaire ?
Chapitre 1 : les prémisses
Tout commence un soir, de semaine ou de weekend, ne soyons pas trop regardant. L’homme rentre du bureau, exténué. Il est triste, son regard est vide, il jette un oeil à la panière à linge… Puis le reprend avant que quelqu’un ne puisse remarquer ce bref, mais pourtant bien réel, impact rétinien, bien trop terre à terre pour qu’il puisse être question de le lui imputer.
Il est fatigué, l’homme. Il est mélancolique, l’homme. Cette réunion était sans fin. Sa paye n’est pas à la hauteur de l’importance cruciale de ses dires au sein de l’entreprise. Il est incompris, l’homme.
Il tourne en rond, s’agite, tel un fauve en cage. Il s’exécute, lave des bouilles tartinées de Kiri, ramasse deci delà quelques coquillettes abandonnées, distribue à qui une banane, à qui une compote, fait couler l’eau du bain… Mais il est absent, l’homme. Son esprit, soucieux et essoufflé, est ailleurs.
Chapitre 2 : l’alerte
Un doux bruissement ébranle la table du salon (rassure moi, toi aussi tu entends le réveil de tes voisins en mode vibreur à 6h20 tous les matins?). Le fatidique prénom apparait. Celui de l’ami prodigieux ( poke Elena Ferrante), celui qui mène son existence de loup solitaire mieux que personne. Mais qui, pour autant, a subitement besoin de réconfort.
Il s’éveille, l’homme. Le pouce alerte, l’oeil vif, il textote. Perfide, il te propose innocemment d’inviter l’ami égaré au coeur blessé pour le dîner. Il connait déjà ta réponse… Celle qui lui signifiera que tu préfères mille fois prendre un bain et lire un bon bouquin, seule chez toi en profitant de ton somptueux canapé Ikea, que de subir les approximations verbales de deux loups à l’haleine (vaguement) éthylique en train de refaire le monde en fumant des clopes sur le balcon jusqu’à l’heure fatidique du dernier métro. Voir pire, jusqu’au moment où le premier loup réalisera qu’il a justement loupé l’heure dudit dernier métro… Et que la seule solution envisageable sera alors de lui prêter (avec toute la compassion dont tu seras capable en ces heures que l’on pourra presque déjà qualifier de matinales) ton précieux canapé.
Chapitre 3 : l’absolution préméditée
Car oui, plus exactement, tu achètes ta tranquillité. Du moins, ta tranquillité du moment. Car bien malheureusement, en bel adepte du l’adage Carpe Diem, tu penses prioritairement à ton bien être présent, et bien moins aux conséquences de ton acte de bienveillance suprême sur les 24, voir 48, prochaines heures.
Soit. L’homme enfile un jeans, des baskets peu présentables, et une veste datant de son époque post étudiante, ce qui commence à te mettre la puce à l’oreille, fine observatrice(teur) que tu es .
NDLR : Gageons que s’il apprend de ses erreurs passées, il poussera le vice jusqu’à mettre sa carte sim dans son vieux téléphone, peu smart il est vrai, mais Ô combien survivant. Cette étape est néanmoins peu probable, nous le concédons.
Chapitre 4 : « T’inquiète, je rentre pas tard. »
Nous y voilà… Ce moment tant attendu, où les enfants couchés et endormis (tu conserves une forte propension à la survie parentale), ton cher et tendre te jette un dernier regard langoureux, t’embrasse avec fougue, et détale tel un cabri dans la cage d’escalier.
Chapitre 5 : précisions lexicales
Le moment est venu, somme toute, de revenir sur l’analyse lexicale de la susnommée phrase que nous tentons de développer et mettre en contexte ici.
« T’inquiète (…) «
Du verbe pronominal s’inquiéter, trois définitions selon le Larousse :
- se faire du mauvais sang : bon, à priori, il est adulte, accompagné par un lascar barbu digne de ce nom, plutôt amoureux de ma charmante petite personne (l’homme, pas le barbu), de ce point de vue là, rien à relever…
- s’enquérir de quelque chose : je ne m’enquière de rien, je sais de source sûre que leur propension à la bière n’aura de cesse tant que le glas de la fermeture des bars n’aura pas sonné.
- Tenir compte de quelque chose, s’en préoccuper : là effectivement, on entre dans le vif du sujet. Car oui, tu pressens qu’à ce calme olympien (que tu maitrises extrêmement bien) succédera une course sans fin vers la liberté, mais la tienne cette fois…
» (…) je rentre (…) «
Soulignons l’usage du « je » qui a toute son importance (rapport au canapé cité plus haut). Il prévoit donc de poursuivre sa vie à nos côtés, sans élément perturbateur, ce qui, en soi, est ma foi assez rassurant.
« pas tard »
Voilà qui peut prêter à confusion :
- « pas tard » le soir ou « pas tard » le matin ? Tu saisis mieux où je veux en venir ? (petite pensée émue pour nos amis anglophones et leur fameux am vs. pm qui avait mis en transe toute ma classe de 4ème, au temps jadis…)
- « pas tard »… Tu conviendras, en outre, que la nuance est toute relative, voir même profondément subjective. Gageons simplement qu’après 10 mois d’allaitement intensif, de nuits ponctuées de réveils savamment minutés, ton adoré et toi n’aurez pas forcément la même sensibilité sur ce point crucial.
Chapitre 6 : Le loup noctambule, le retour
Ta soirée se déroule sans encombres (m’est avis qu’un seul réveil pré-minuiesque par poulbot reste du domaine de l’acceptable). Tu savoures le silence, la solitude, tu étends tes pieds, tu bouquines, tu regardes Hugh Grant danser et chanter sous la pluie. Puis tu vas te coucher.
Mais là le temps s’étire. Tu reçois un message plus ou moins lisible t’expliquant que Machin les a rejoint, c’est incroyable, ça fait si longtemps ! Tu tournes. Te retourne. Bizarrement, dormir seul(e) devient quasiment impossible après des années de cohabitation musclée. Tu t’endors le sommeil léger, tu sursautes à chaque fois qu’un voisin monte les escalier. Jusqu’à enfin sombrer…
Sauf que c’est à ce moment précis, celui où tu t’es enfin endormie après la réclamation lactée du dernier fruit de ton amour, que l’homme rentre. Que dis-je, l’homme de Neandertal rentre. Avec sa finesse, ses odeurs, sa douceur, son appétit, sa poésie. Un Gentleman, en somme.
Chapitre 7 : Bilan de ta nuit
Ce doux énergumène pourra alors, au choix :
- te raconter avec amour son périple, combien c’était génial mais combien tu lui as manqué jolie-choupette-d’amour-toute-douce. Et te faire le remake des piliers de comptoirs, en n’omettant AUCUN détail des subtilités politiques échangées avec ses comparses ;
- se prendre d’une subite passion culinaire, l’emportant vers des expérimentations audacieuses, car non, le reste de coquillettes n’est pas une option digne de ses capacités d’abstraction. A 4h du matin, je pense qu’il est effectivement judicieux de réinventer sa propre vision du confit de canard et des panais rôtis…
- se vautrer lamentablement dans le salon, casser un jouet, exploser de rire en hurlant « CHUUUUUUUTTTT » d’une voix de Ténor aguerri, et fulminer quand tu l’invite à prendre possession de la salle de bain pour y faire ses ablutions.
- les trois propositions à la fois.
Tu as donc dormi 3h. Entrecoupées de 2h à refaire le monde (involontairement) avec ton cher et tendre.
Chapitre 8 : le lendemain
Car lendemain il y aura.
L’homme, en toute quiétude, cuvera lamentablement sa gueule de bois, tandis que tu oeuvreras à la survie de l’espèce en nourrissant et trainant coûte que coûte trois trolls acariâtres (dont deux de moins de 4 ans et un de très mauvaise foi).
Voilà. Et ce sera tout pour aujourd’hui, je vous remercie, j’ai du shopping à faire, et trois cadeaux compensatoires à dénicher ! 😉
Et sinon, chez vous, ça se passe comment les soirs de fête ?
Sarah
… et puis pour nous faire participer à la féérie de cette soirée, est-ce qu’il nous proposerait pas, le Néanderthalien, des retrouvailles sous la couette afin qu’on profite outre son haleine bièrique, de sa mâle vigueur, hein, puisqu’on est réveillée, sssérie, hein?
Mais évidemment que oui ! Parce qu’en plus on est si mignonnes, en pyjama, sentant bon la couette et les rêves embrumés… Mais en un regard, le cher et tendre est vite fixé hahaha !
Super article ! Je démarre la journée le sourire aux lèvres !!!
Chez nous, c’est l’homme qui est beaucoup plus raisonnable que moi :s
Et je peux facilement m’entendre dire « T’inquiète je rentre pas tard… »
Mais du haut de mes 37sa… Je pense que cette époque est révolue pour quelques temps hein ??? Ça fait déjà 8 mois que je ne bois plus une goutte d’alcool… Et je constate quand même que par conséquent les soirées sont beaucoup moins longues ha ha ha
Si je n’accouche pas avant… Ma dernière soirée est programmée mercredi… Mais promis ! Je rentre pas tard ! (Et cette fois-ci c’est vrai car depuis que je suis enceinte… à 22h30 mes yeux se ferment tout seuls…)
Belle journée Ymum !
Hahaha oui je te comprends ! J’ai arrêté de prononcer ces mots en étant enceinte, car je m’endormais très tôt… Et faisait pourtant des insomnies toutes les nuits. Le beau paradoxe de la maternité ;-). Mais je compte bien rattraper le temps perdu d’ici peu !
Aller, tu es dans la dernière ligne droite, celle qui parait infinie mais dont tu dois profiter à fond ! Car quoi qu’il arrive, tu ne seras plus jamais « enceinte pour la première fois ».
Je te souhaite également une douce journée, et au plaisir de te lire 🙂
J’ai enormement ri! Merci pour cet excellent moment! Heureusement, je ne possede pas ce modele… mais le mien a egalement ses defauts 😉
Et merci d’être passée par ici ! Ahahaha, chacun le sien, avec ses tares et ses qualités 😉
t’as espionné chez moi ou quoi ????????
ILS sont partout…
Ouh là, ça donne envie!
Mais ça pourrait être pire. Chez nous la dernière foi l’homme s’est souvenu qu’il avait un anniversaire organisé depuis un mois quand il a recu le sms de son pote ‘rdv dans 30minutes!’. En plus, ce jour là, je voulais faire pizza bière devant la télé, j’adore la pizza (et la bière). Bref, après m’avoir demandé si je voulais qu’on y aille avec les enfants il a filé sous la douche, a laissé ses vêtements partout et a claqué la porte. Moi j’avais les mômes à nourrir, à nettoyer et à coucher (tu vois, le tiens au moins a attendu qu’ils dorment) . On a mangé les restes, pas le temps de faire une pizza quant à boire un coup quand vous gérez seule les enfants, ça ne me semble pas une bonne idée.
Heureusement, il ne sort pas souvent.
Ohhhh mais le coup de coucher les enfants avant, le pauvre… Il ne tenterait même pas de partir plus tôt ! hahaha Je suis capable de me transformer en dragon 😉
Ma pauvre en tous cas tu as dû bien le maudire ce jour là… (et je te rejoins pour la pizza ET la bière 😉 )
Le « t’inquiète je ne rentre pas tard » il l’utilise quand il va boire l’apéro après le boulot chez un copain… « T’inquiète a 20h je suis rentré comme ça on couche les enfants ensemble et on regarde un petit film… » mais bien-sûr ! Si c’est un jeudi soir, je suis sûre qu’il ne rentrera pas à 20h ???? mais plutôt 22h30 en tatillonnant pour ne pas réveiller la maison… Mais en général il est loin d’être discret mdrrr
Merci pour ce grand moment de rigolade
Marine
hahaha merci pour ton commentaire ! 22h30, mais moi je trouve qu’il est trèèèèèès sage ! 😉 Comme quoi tout est relatif héhé. En tous cas, une chose est sûre, le retour est tout un art ! 😉
Ah Ah! Alors là ça me parle vraiment bien. J’en ai un de a même espèce chez moi !
Ahahaha et comme les Gremlins, mieux vaut ne pas les nourrir après minuit…
Pour le coup c’est une scène de vie qui m’est totalement étrangère ! 😉 Mais bravo pour l’article !
Je veux bien te croire 😀 ! Merci d’être passée me lire 😉
Merci pour les rires du matin. Heureusement, le mien a passé l’âge et s’est beaucoup calmé.
J’ai tout de même le souvenir d’un retour de cuite alors que j’étais enceinte de plus de 8 mois de ma première. Il est revenu tellement bourré (à base de vomissements et autres) que c’est moi qui ait fini ma nuit dans le canapé…
Vive les hommes
Virginie
Hahaha oui je l’ai fait une fois aussi… Avec notre première âgée de 3 semaines (je l’avais maudiiiiit !) 😀
Et puis, ne soyons pas trop sexistes… Je me vengerai gnark gnark !!!
Ah ah excellent! Le moment du couché non endormissement c’est trop ça sauf qu’il n’y a pas 3 possibilités par chez moi pour le retour soit il vient me parler à côté du nez aviné soit il se rappelle qu’il faut prendre une douche et se bien se brosser les dents et boire bcp d’eau pour que je boude pas!
Hahaha oui il y a un minimum syndical à respecter 😉
Mais ici il passe irrémédiablement par les 3 cases !