1,7 gramme

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C’est ce que je pèse de moins, ce matin.

Dans les draps froids, sous mes yeux embrumés de sommeil, reste le vide. La brisure. La presque non vécue. L’irréelle.

La brume s’estompe peu à peu sur les cimes. La salle de bain est vide.

Au petit matin, ne restent que les sensations déjà presque oubliées. Les heures à se tordre de douleur, sans vouloir comprendre, sans vouloir se dire, sans vouloir pleurer, seule sur le carrelage immaculé.

Pourquoi ce genre de choses arrive irrémédiablement entre le plus profond de la nuit et les premières lueurs du jour ? Le test était négatif pourtant, quelques heures auparavant. En voyant ce sang, cette masse inerte qui flotte là, maintenant je comprends. Cela faisait un peu plus de deux mois que je fermais les yeux. Un peu plus de deux mois que ce soir là, son étreinte avait été plus évidente, plus imminente. Deux mois vécus dans un linceul de coton, la tête vide, le ventre tremblant. Deux mois que j’occultais l’absence de ce rythme si féminin, qui nous fait patienter et compter les saisons.

C’est à cette heure perdue, entre le plus profond de la nuit et les premières lueurs du jour,  qu’il ne m’a pas crue, pour la première et dernière fois. Il s’est à peine réveillé, je me suis recouchée, des larmes brûlantes glissant sur mon corps étonné.

C’était une nuit parmi tant d’autres, entre Noël et jour de l’An.

Alors oui, merci. Finalement, je reprendrais bien un petit verre de blanc.

20 réflexions au sujet de « 1,7 gramme »

    1. Merci pour ton commentaire. Ce n’était rien, quand on sait que certaines le vivent plusieurs fois, pendant des années… Ca me fait froid dans le dos, je mesure combien j’ai de la chance de ne l’avoir vécu qu’une fois avant mes 2 filles adorées :-).

  1. Oh que ces mots sont forts… Je crois que ton texte fera écho dans le cœur de bien des femmes. Je crois que même si les années passent, même si les enfants arrivent, on n’oublie jamais vraiment ces instants.

  2. Je vais être originale : Très beau texte, très émouvant. (vas-y que je verse ma petite larme, ah vraiment; MERCI !!) ;-). Sans rire, les mots sont parfaits. Je n’ai pas vécu ça exactement mais j’ai aussi eu mon lot dans le domaine, je retrouve certaines sensations en te lisant… (savoir faire passer des émotions : check. C’est bon, tu peux te lancer !)

  3. Coucou,
    Ton texte est très émouvant et particulièrement touchant. J’espère que l’écrire t’aura aider car malgré le temps écouler les mots peuvent souvent avoir c’est effet.
    En tous les cas ton texte est très poétique.
    Peut-être est-ce le début et la première page de ton 2ème rêve ? 😉

    1. Merci pour ton joli commentaire. Je ne suis pas sûre que ce texte reflétait un besoin cathartique (mais sait-on jamais 😉 ), car cela fait un déjà longtemps, et tout bien réfléchi, je pense que tout devait se dérouler ainsi pour m’offrir aujourd’hui la famille que j’ai la chance d’avoir construit. Mais j’y pensais ce soir là, va savoir pourquoi, et les mots sont sortis… Je suis touchée que tu trouves ce texte poétique, je commence tout juste à oser publier des textes plus « écrits », alors le second rêve est déjà en marche, au moins pour moi (et c’est ce qui compte le plus)! Bises

  4. Oh…ben je m’attendais pas à ça en commençant ce texte…J’espère que ça t’auras fait du bien de sortir ce texte là, c’est triste et touchant. Plein de bises!

    1. Ecoute c’était plutôt inattendu pour moi de l’écrire, je ne sais pas pourquoi cela m’est venu en particulier à ce moment là, alors que cette histoire est maintenant assez lointaine. J’ai hésité à publier ce texte, d’ailleurs, mais au final, j’espère que la poésie des mots l’emporte sur le sujet peu joyeux. Bises

    1. C’est si banal finalement, et pourtant tellement tabou. Les proches ont du mal à réaliser combien cela peut nous remuer, même si cela était inattendu, même si cela était considéré comme « précoce ». Merci en tous cas de m’avoir lue, bises.

    1. Il est sorti tout seul celui là. Je ne sais même pas pourquoi. Ca fait un bon paquet d’années, ce n’était de toutes façons pas le bon moment, mais quoi qu’il en soit, nous sommes nombreuses à passer par là, et même si c’est « précoce », les traces restent… Merci pour ton message, bises.

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