My Absolute Darling
My Absolute Darling. My Absolute Darling.
Que dire sur le fameux best seller qui n’aurait déjà été dit ?
J’ai refermé ce roman depuis quelques temps, mais les mots continuent de me hanter. Je me surprends, plusieurs fois par jour, à ressentir une envie brutale de m’y replonger, de m’isoler du temps et de l’espace alentour, afin de revivre encore, rien que quelques minutes, les émotions sauvages qu’il a suscitées en moi. Et puis je réalise que je l’ai bel et bien terminé. Que cette parenthèse intense est finie. Que je suis venue à bout de ces 400 pages en quelques heures à peine. Qu’il faut passer à autre chose, ouvrir un autre livre, laisser d’autres mots m’emporter ailleurs.

Mais je n’y parviens pas. Les bruits, le toucher, les odeurs, tout s’est inscrit en moi, s’est gravé dans ma chair. Car oui, Gabriel Tallent a cette capacité incroyable à prendre nos sens en otage, à nous emporter avec lui sur les côtes rocheuses de la Californie du Nord, de nous emmener explorer les vastes, sombres et humides forêts qui s’étendent sur des kilomètres à la ronde.
Une écriture tactile et immersive
En lisant ce roman incroyable, j’ai eu froid, j’ai senti sous mes pieds chaque motte de terre, caressé du bout des doigts les troncs humides, humé le parfum de la mousse et des champignons naissant au pied des arbres centenaires… J’ai senti l’odeur acre du sang, ressenti la douleur, à la fois tellement humaine et pourtant tellement irréelle. J’ai palpé les douilles fumantes et gouté l’huile servant à graisser les armes rouillées.
L’humanité, dans toute son inhumanité
À la lecture de ce livre puissant, j’ai senti la haine monter en moi, le dégoût, la passion et la torpeur. Droguée à sa plume, Tallent m’a hypnotisée. Je n’étais plus dans mon salon, je n’entendais plus mes enfants jouer. J’étais perdue au pied d’un séquoia, suivant les traces de Turtle au coeur des bois. J’étais tapie dans une chambre aux moisissures insidieuses, tandis que l’horreur frappait par sa simplicité. J’étais tremblante sur une plage déserte et aride, ma peau rongée de sel et de froid, à attendre avec urgence l’inespéré et salvatrice main tendue qui n’arrivait pas.
Le tour de force de Tallent est de ne pas céder à un manichéisme facile d’accès. Le méchant n’est pas que méchant. Il est avant tout homme, avec ses faiblesses, ses cicatrices, ses immondes velléités. Il est notre parent, notre frère ou notre amant. Il n’est rien de plus, rien de moins qu’un humain parmi tant d’autres… et c’est justement cela qui nous glace les sangs.

Comment vous donner envie de lire cette pépite littéraire ?
Je ne saurais comment faire… Alors je m’arrêterai là, car disserter sur le synopsis ou les figures de styles ne servirait à rien.
En revanche, je vous invite, je vous incite même, à courir chez votre bibliothécaire ou votre libraire préféré, et dévorer cette putain de claque littéraire, qui j’en suis certaine, ne vous laissera (à minima) pas indifférent.
Coucou,
Je l’ai lu aussi! J’ai pris une grosse claque! C’est un livre dur, éprouvant et malgré tout j’ai adoré!
Merci pour ta chronique!
Maryline
Ahhh enfin un retour de lectrices, je me demandais où elles se cachaient ;). Ce livre est incroyablement éprouvant, mais je n’ai pas réussi à décrocher avant la dernière ligne. Je partage totalement ton enthousiasme, et m’en vais de ce pas lire l’article que tu as écris sur ton blog à ce sujet ;).
Je m’étais déjà arrêté sur ce livre en flânant dans les rayons de ma librairie ! Tu m’as donné envie d’y succomber pour de bon !
Et bien tu m’en vois ravie ! Tiens moi au courant si tu te lances ;-).
Belle promesse que ce livre mais j’hésite. La noirceur de l’humanité je la vois trop, j’ai envie de m’évader quand je lis. Est-ce que ce sera possible avec ce livre ?
Merci pour le partage en tous cas 😉 Et tu ne manques pas de talent toi non plus pour retranscrire tes émotions…
La noirceur n’est pas si noire justement… Disons que ce n’était pas aussi intense que Cris de Gaudé (qui m’a fait pleurer de rage dans le bus, et pourtant je suis plutôt coincée de la larmichette, d’autant plus en public), ou même les Hauts de Hurlevent, qui ne nous laissent pas espérer grand chose de l’humanité je trouve.
Mais ce qui est impressionnant dans ce roman c’est le paradoxe entre les crimes commis et l’humanité profonde, justement, du personnage en question. Bref… Je comprends tout à fait ton besoin d’évasion et je pense rebondir sur des livres plus légers dans les semaines à venir :-D.
Et un grand merci pour ton compliment, venant de toi dont j’adore la plume, il me va droit au coeur (et aux chevilles héhé).
Merci en retour, je suis très touchée <3
La seule fois où j’ai utilisé le mot « claque littéraire » dans ma vie, c’est après avoir lu Beloved de Toni Morrison (ce n’est pas avec ce roman qu’elle a eu le prix Nobel). J’avoue que tu me donnes envie, mais je suis tellement souvent déçue par la littérature contemporaine…Allez, je vais me laisser tenter…quand je tomberai dessus (oui, j’aime bien que les livres me fassent signe et me disent « lis-moi! »)!
Comme je te comprends ! J’ai énormément de « mal » également avec la littérature contemporaine, un trop plein de 19ème siècle aura eu ma peau ;-). Et pourtant, celui-ci fait partie de ceux qui m’ont profondément marquée, tout comme Lunar Park de Bret Easton Ellis, dans un autre style pourtant… Et figure toi que j’avais emprunté Beloved à la bibliothèque (au hasard du rayon litté anglo-saxonne), enceinte de 8 mois et demi (l’optimisme), je n’ai jamais eu le temps de le commencer. Il va falloir y remédier !
Je ne l’ai pas lu, et à la lecture de cet article je dois dire que tu m’as sacrément donné envie d’aller l’acheter !
J’espère que nous aurons l’occasion d’en parler très vite !
Bon, je sais ce que je vais emprunter à la bibliothèque cet après-midi !
Ohhh très bonne idée ! Tu me diras si tu l’as trouvé ?